Il paraît que c’est en bossant que l’homme s’accomplit pleinement.
J’ai un doute.
Combien de gens peuvent être heureux d’un travail librement choisi et qu’ils aiment ? Dans beaucoup de cas on se contente d’un job par défaut qui colle plus ou moins avec les études qu’on à fait, ou les formations qu’on à eu la chance de passer (ou de subir).
Que peut-il y avoir d’épanouissant à se lever à 6h du mat pour se taper la morosité des embouteillages (ou des transports en commun), bercé par les ronronnements mornes de la vie de travail, ses réalisations privées de sens par un système qui nous noie dans une hiérarchie inhumaine, nous laissant comme espoir de répit une petite fin de semaine…
On est rejetés en fin de journée à notre domicile, épuisés et vidés, avec comme épée de Damocles au dessus du crâne la menace de ne pas avoir été assez efficace, pas assez rentable, de ne pas avoir assez travaillé, pas assez étudié.

Et en ce moment, il faut travailler plus pour gagner plus, histoire de mieux profiter de la vie, avec plus d’argent. M’enfin, le souci est qu’il faut encore avoir une vie après le travail…
Travailler. Pour dominer. Plus d’argent, plus de pouvoir, pour acheter plus, grimper dans la hiérarchie… Tolérer ses collègues de travail à grand coup de sourire, sachant pertinemment que dans le travail, plus d’amis ni de pitié.
Le monde du travail dégage une violence terrifiante et contenue et joue souvent sur la peur ou l’envie afin de nous pousser à travailler encore. (Tient tient, la peur et l’envie…)

Le pire est que maintenant la capacité à bosser commence à devenir une valeur morale : quelqu’un qui peut travailler beaucoup, c’est quelqu’un de bien. Il à une famille pourrie avec un gosse qu’il ne voit jamais ? Sa femme ne l’aime plus ? On s’en fout, il travaille beaucoup, toujours au bureau, il fait des heures sup’, c’est quelqu’un de bien.
Ben moi ça m’inquiète. Je ne vois pas en quoi quelqu’un qui travaille moins serait moins respectable : il peut parfaitement s’occuper de sa famille, faire du bénévolat pour diverses associations, se cultiver, bref se livrer à des activités non moins respectables que le travail. Pire : travailler c’est souvent ne plus réfléchir, ne plus méditer, ne plus se cultiver…
Et qu’on n’aille pas me dire qu’on est malheureux quand on est au chômage, que c’est une preuve qu’on a besoin de travailler.
On n’est pas malheureux parce qu’on à pas de travail : on est malheureux parce qu’on à pas d’argent.

« Le travail rend libre ».
Wé, c’est ce qui était écrit à l’entrée des camps de concentration Allemands en 39-45.
Aller, bonne journée de travail à tous !